Le vin rouge est plébiscité pour sa teneur exceptionnelle en polyphénols, connus pour leur puissant effet protecteur contre les maladies cardiovasculaires ou encore certains cancers. Mais qu’en est-il vraiment ? Le vin rouge est-il la meilleure source de polyphénols ? J’ai mené l’enquête pour vous.
Vin rouge et polyphénols : qu’en est-il vraiment ?
D’abord les polyphénols, c’est quoi ?
Les polyphénols sont des antioxydants, c’est-à-dire des molécules qui luttent contre les radicaux libres, ces dérivés de l’oxygène qui s’attaquent à nos cellules et accélèrent le vieillissement cellulaire, favorisant ainsi l’instauration de maladies.
De par leurs propriétés antioxydantes, ils empêcheraient le mauvais cholestérol (“LDL”) de s’oxyder et donc de se déposer sur les parois des vaisseaux sanguins, permettant ainsi de prévenir l’apparition de maladies cardiovasculaires [1].
De nombreuses études ont également pu établir le potentiel anti-cancérigène des polyphénols, de par leur capacité à empêcher les mutations cellulaires ou encore la prolifération de radicaux libres qui pourraient conduire à la formation et au développement de tumeurs [1].
Combien de polyphénols dans 1 verre de vin rouge ?
Le vin rouge est connu comme une source incontestée de polyphénols. 1 verre de vin rouge (125 ml) apporte en moyenne 125 mg de polyphénols [2], ce qui est une teneur non négligeable.
Remarque : A titre de comparaison, le vin rosé en apporte seulement 12 mg/verre, quant au vin blanc seulement 13 mg/verre, soit 10 fois moins !
Mais si le vin rouge apporte effectivement une quantité intéressante d’antioxydants, ce n’est pas l’aliment le plus riche puisqu’il apparaît “seulement” en 10ème position des aliments les plus concentrés en polyphénols par portion. D’autres aliments, comme les fruits rouges, le thé, le café ou encore le chocolat noir, affichent des teneurs en polyphénols plus importantes par portion que le vin rouge lui-même. Pourquoi donc un tel engouement pour le vin rouge ?
Une teneur intéressante, mais pas que !
Si la teneur en polyphénols du vin rouge est intéressante mais pas spectaculaire, il semblerait que l’engouement pour le vin rouge proviendrait avant tout de l’importante diversité des polyphénols qu’il contiendrait et notamment de la présence de resvératrol, un antioxydant particulièrement puissant et spécifique au vin rouge.
En effet, plus de 200 composés phénoliques sont suspectés d’être présents dans le vin. Parmi les principaux, on identifie la présence :
- d’anthocyanes, des responsables de la couleur spécifique du vin rouge ;
- de tanins, également présents dans le thé, et qui donneraient au vin sa légère astringence ;
- et enfin, de resvératrol : principalement connu pour ralentir le processus de vieillissement et réduire les risques de maladies cardiovasculaires, ce dernier serait à l’origine du fameux French paradox. En effet, si le resvératrol est aussi présent dans les arachides, les mûres ou encore la rhubarbe, il y est présent en moindres quantités.
Pourquoi les polyphénols du vin rouge sont-ils plus intéressants que ceux des raisins ?
Le vin rouge est plus riche en polyphénols que les raisins eux-mêmes, et ce pour plusieurs raisons :
- Tout d’abord, les polyphénols sont majoritairement présents dans les pépins, la peau et les pédicelles des raisins, des parties du raisin qu’on ne consomme habituellement pas, mais qui se retrouvent dans le moût permettant la fabrication du vin.
- De plus, la fermentation des raisins entraîne la production d’éthanol qui, rappelons-le, est un solvant naturel. L’éthanol présent dans le vin permet une meilleure dissolution des polyphénols, et donc une meilleure absorption de ses composés.
- Enfin, notons que les polyphénols sont des composés sensibles qui s’oxydent facilement au contact de l’air. Or, la majorité du processus de fabrication de vin est réalisée sans oxygène (en bouteille ou en cuve), ce qui permet de limiter leur oxydation, et même les concentrer au fur et à mesure de la fermentation.
Le petit mot de la diététicienne
Si le vin rouge intrigue toujours par sa composition exceptionnelle en polyphénols, n’oublions pas que cela reste une boisson à base d’alcool et que l’alcool peut être addictif et dangereux en excès pour la santé. D’ailleurs, les études montrent que l’action positive des polyphénols sur le risque de mortalité coronarienne s’applique uniquement à une consommation modérée de vin [3].
Enfin, il est important de rappeler qu’une alimentation saine ne peut reposer que sur un seul facteur ou un seul aliment. Au contraire, une alimentation saine est une alimentation équilibrée et variée, d’où l’importance de ne pas miser sa santé uniquement sur la consommation de vin. L’équilibre alimentaire, avant tout !
Sources :
[1] “Plant polyphenols as dietary antioxidants in human health and disease”, Kanti Bhooshan Pandey and Syed Ibrahim Rizvi, Oxid Med Cell Longev. 2009 Nov-Dec; 2(5): 270–278.
[2] “Identification of the 100 richest dietary sources
of polyphenols: an application of the Phenol-Explorer database”, J Prez-Jimnez, V Neveu, F Vos and A Scalbert, European Journal of Clinical Nutrition (2010).
[3] “Does diet or alcohol explain the French paradox?”, Criqui & Ringel, Lancet, 1994 Dec 24-31;344(8939-8940):1719-23.