Grand débat de société, le végétarisme consiste en l’arrêt de la consommation de chaire animale, c’est-à-dire poisson et viande. On retrouve aussi les pesco-végétariens qui mangent du poisson contrairement aux végétariens. Il existe d’autres habitudes alimentaires comme les végétaliens, qui eux ne consomment aucun produit issu de l’exploitation animale (cuir, miel, œuf, lait, viande, poisson…). Ces formes de consommation peuvent apparaître comme extrêmes pour certaines personnes, notamment pour les « bons vivants » mangeurs de viande. Mais comment se passer de viande quand on adore ça ? Docteur BonneBouffe vous présente le témoignage d’Antonin, jeune étudiant qui, à 17 ans, a arrêté de manger de la viande. Il se confie à nous dans cet article..
Comment se passer de viande quand on est un grand consommateur ?
Comment j’ai arrêté la viande du jour au lendemain
Un jour, à l’école, on faisait un chapitre en cours d’histoire-géographie qui s’appelait « Nourrir les hommes » ; on y apprenait qu’il y avait assez de champs sur Terre pour nourrir tous les hommes mais qu’une grosse partie était utilisée pour l’élevage et donc pour la consommation de viande en Europe et aux Etats-Unis. J’y ai beaucoup réfléchi et un jour, je me suis lancé le défi d’arrêter de manger de la viande durant deux semaines. Juste pour voir…
Il faut dire que je vis avec mes parents, mon frère et ma sœur. On partage les mêmes repas à table. On y retrouve systématiquement une viande en plat principal – et c’est souvent un bon gros morceau ! Durant les premiers jours, j’ai naturellement ressenti une grande frustration. Il y avait quelque chose qui manquait dans mon assiette et j’avais faim puisque l’on ne faisait pas plus de pâtes et de légumes pour moi à table. A ce moment là, je m’autorisais à manger du poisson, mais j’en mangeais moins que d’habitude.
J’ai fait quelques entorses au début, je tenais trop aux brochettes japonaises qu’on mangeait le week-end, puis au fur et à mesure, je m’en suis passé. J’ai arrêté doucement de manger du poisson et j’ai fini végétarien.
Reprendre goût à la viande
Vous me direz que sur deux semaines, ça ne fait pas lourd ! Mais en fait, ça ne me dérangeais plus de ne pas avoir de viande, alors j’ai continué. J’ai continué plusieurs semaines, plusieurs mois même. La viande ne me manquait absolument pas, j’ai même eu du dégoût face à la viande saignante, mais aussi les œufs que je mangeais plus fréquemment.
Quand j’ai arrêté, il m’a fallu beaucoup de temps avant de pouvoir manger à nouveau des viandes saignantes. Je ne sais pas si c’est le sang qui me dégouttais, mais je ne supportais pas ça, même l’odeur me repoussait. J’ai repris goût à la viande, tout d’abord bien cuite (je la mangeais très saignante avant) et seulement si c’était un morceau qui était vraiment bon. Pour les œufs, j’ai encore du mal, ça va faire 5 ans maintenant et je ne doute pas qu’un jour je devienne végétarien à temps complet.
J’aurai pu continuer encore longtemps je pense, surtout qu’avant je ne m’étais pas renseigné sur les végétariens, je mangeais mal finalement alors qu’il existe des milliers d’astuces pour se faire plaisir sans viande et pour s’assurer de pas être carencé. Mais à l’époque ce n’était pas une question que je me posais !
Conclusions de cette expérience insolite
Je n’ai aucun regret vis-à-vis de mon expérience, j’en tire de belles leçons. Avec du recul, aujourd’hui, je peux dire que j’étais un addict à la viande. J’avais besoin de ma dose, sinon comment expliquer ce manque ? J’ai aussi beaucoup pensé. Ma famille ne comprenait pas mon choix, ils le dénigraient de façon implicite malgré leur très grande tolérance et leur respect pour moi. J’avais l’impression de faire quelque chose de stupide alors qu’avec du recul, je me trouve grandi de cette expérience. J’ai compris ce que d’autres ne comprendront jamais. L’alimentation est quelque chose de très personnelle, nous avons chacun notre point de vue dessus et de ce jour-là, deux mots me sont apparus bien plus clair : se nourrir et manger.
Je me nourris parce que j’ai faim, je mange parce que j’ai envie de me faire plaisir. Ces deux notions étaient indissociables jusqu’alors, je mangeais par impulsivité, je ne me nourrissais pas. Et vous savez quoi ? J’étais en surpoids. La nourriture était ma manière de me sentir mieux, mon alimentation était le reflet de mes émotions (pour le peu que l’on soit émotif, ça fait des carnages !).
Depuis cette expérience, je ne vois plus les aliments comme quelque chose de personnel, nous ne sommes plus complices comme avant. Je reste gourmand et je prends du plaisir à cuisiner, mais je peux me passer d’un quatre heures, je peux me passer du repas du soir, je peux me passer de ma viande. En deux mots : je ne suis plus le prisonnier de mon alimentation…