Quand on se sent stressé, déprimé ou fatigué, on a souvent le réflexe de sortir le paquet de gâteaux ou de bonbons pour se remonter le moral. En effet, le sucre et les produits sucrés semblent nous aider dans ces moments-là. (Peut-être même l’avez vous déjà remarqué sur vous ?)
Mais comment expliquer ce phénomène ? Pourquoi le sucre nous procure du bien-être ? Nathalie Majcher, Diététicienne-Nutritionniste & Auteure du livre « 1 mois pour se libérer du sucre » vous dévoile les différents mécanismes qui apparaissent lors de la consommation de sucre et de ses dérivés, ainsi que leurs effets sur le cerveau.
Comment le sucre nous fait du bien
#1 Le sucre génère du plaisir (sur le moment)
La consommation de sucre et de produits sucrés entraîne du plaisir, en provoquant la sécrétion de dopamine dans le cerveau (la fameuse « hormone du plaisir » impliquée dans le circuit de la récompense). Cette sécrétion de dopamine procure une sensation de bien-être voire même de bonheur sur l’instant T. On se sent bien, très bien…
Pour aller plus loin… : Mais si le sucre entraîne la libération de l’hormone du plaisir à court terme, on constate que l’organisme a besoin de plus en plus de quantités pour ressentir le même plaisir – ce qui explique l’apparition de comportements addictifs. De plus, paradoxe : sur le long terme, la consommation d’aliments riches en sucres diminue les niveaux de sérotonine dans le cerveau (hormone du bien-être), dont les niveaux bas ont été associés à un risque accru d’états dépressifs ou encore d’hyperphagie, c’est-à-dire de surconsommation d’aliments (1) (2).
#2 Il diminue le stress (à court terme)
On sait très bien que la consommation de sucre entraîne une baisse de la production de cortisol, l’hormone du stress. C’est pour cette raison qu’on a tendance à sortir le paquet de gâteaux quand on sent un coup de déprime s’installer. Efficace, vous dites ? Lisez la suite…
Pour aller plus loin… : Les études montrent que consommer des produits riches en sucres en cas de stress augmenterait particulièrement le stockage de graisses au niveau viscéral (3). Autrement dit, manger sucré en état de stress favorise le surpoids et l’obésité, mais aussi le risque de maladies cardiovasculaires (facteur de risque principal d’une accumulation excessive de tissu adipeux au niveau viscéral).
#3 Il favorise le sommeil (et les coups de barre…)
Ceux qui pensent que manger du sucre leur permettrait d’avoir un regain d’énergie ont tout faux ! Le sucre aurait un effet soporifique, c’est-à-dire qu’il favoriserait l’endormissement. En effet, les scientifiques ont constaté que l’ingestion de sucre bloque l’action des orexines, des cellules responsables du sentiment d’éveil (4). En désactivant ces cellules, le sucre nous rendrait ainsi somnolent et permettrait de nous endormir plus vite le soir…
our aller plus loin… : Si manger un repas majoritairement composé en glucides serait bénéfique le soir pour mieux trouver le sommeil (nota bene : c’est ce qui est préconisé en chrononutrition), la sensation de coup de barre qui suit les repas riches en glucides est désagréable lorsque cela arrive en journée… C’est ainsi que commencer la journée avec un petit-déjeuner à la française n’est pas une très bonne idée si on souhaite, au contraire, avoir de l’énergie et de l’entrain pour aller au travail !
Notons aussi, que les fameuses orexines sont connues pour être impliquées dans la régulation du métabolisme. Un niveau bas d’orexine comme celui constaté chez les personnes consommant beaucoup de sucres pourrait expliquer le ralentissement du métabolisme, et donc le risque plus élevé d’obésité (5)… ou encore de dépression (6).
#4 Il apaise les douleurs (sur l’instant)
Le sucre aurait un effet antalgique sur notre organisme, sans que l’on sache encore vraiment pourquoi. Grâce à sa capacité à calmer et apaiser certaines douleurs, il est même utilisé en tant que placebo dans certains hôpitaux pour enfants, afin de limiter l’utilisation de médicaments anti-douleurs.
Pour aller plus loin… : Si à court terme, le sucre peut agir comme un placebo sur la douleur, à long terme les effets sont tout autre. La consommation excessive et chronique de sucre et de produits raffinés favorise l’inflammation chronique (7), état dans lequel le système immunitaire du corps s’active, endommageant les cellules saines et pouvant provoquer l’effet inverse (douleurs chroniques, arthrose…).
#5 Il calme les émotions
Depuis notre plus jeune âge, le sucre est associé à des évènements et des situations agréables, de partage et de convivialité (anniversaires, repas de familles, fêtes…). En outre, sa consommation revêt une réelle dimension psycho-affective : l’image d’un produit apaisant source d’émotions positives.
Des effets qui sont amplifiés par l’augmentation de la dopamine et la baisse des hormones du stress expliqués plus haut.
Le petit mot de la diététicienne
Il existe de nombreuses façons d’augmenter ses niveaux de dopamine ou encore de diminuer son niveau de cortisol (hormone du stress) et ce, naturellement. Une des manières les plus efficaces est de faire du sport ! Et pour continuer le travail en dehors des séances, un autre conseil : riez ! Et oui, rire possède de nombreux bienfaits, comme celle de favoriser la production d’endorphines (hormones qui favorisent à la fois le bien-être, la détente et qui diminuent les sensations de douleurs).
Pour ceux et celles qui auraient malgré tout du mal à se passer du sucre, n’hésitez pas à lire mon livre « 1 mois pour se libérer du sucre » (7,90€, Editions Hachette) et/ou à vous faire accompagner par un(e) diététicien(ne).
Pour aller plus loin… :
Découvrez mon livre « 1 mois pour se libérer du sucre », le livre-programme qui vous aide pas-à-pas à réduire votre consommation de sucre et de glucides raffinés de façon ludique !
Editions : Hachette Pratique
Prix de vente : 7,90€ TTC.
En attendant mon prochain article sur l’addiction au sucre, je vous dis… à bientôt !
Sources :
- (1) « Hyperphagia and Decreases of Brain Serotonin in Rats Fed Freely on Sugar Rich Diet for Three Weeks », étude publiée en 2000 dans la revue Nutritional Neuroscience /
- (2) « Effects of sugar rich diet on brain serotonin, hyperphagia and anxiety in animal model of both genders », étude publiée en en 2016 in Pakistan Journal of Pharmaceutical Sciences.
- (3) « Modifying influence of dietary sugar in the relationship between cortisol and visceral adipose tissue in minority youth. », étude publiée en 2014 dans la revue médicale Obesity.
- (4) « Tandem-pore K+ channels mediate inhibition of orexin neurons by glucose », étude publiée en Juin 2006 dans la revue Neuron.
- (5) « Decreased plasma orexin-A levels in obese individuals », étude publiée en 2002 dans la revue International Journal of Obesity.
- (6) « Reduced orexin levels in the cerebrospinal fluid of suicidal patients with major depressive disorder », étude publiée en 2007 dans la revue Eur Neuropsychopharmacol.
- (7) « Low to moderate sugar-sweetened beverage consumption impairs glucose and lipid metabolism and promotes inflammation in healthy young men: a randomized controlled trial », étude publiée en 2011 dans The American Journal of Clinical Nutrition.